Chaque peuple a sa gamme ou ses gammes préférée(s). Ce sont des ensembles de sons qui ont, pour un peuple donné, l’air d’aller bien ensemble. Ils ont l’air de couler de source et servent de base à la musique des peuples qui les ont choisis. Ils sont comme une signature musicale de ces peuples. Si je joue la phrase suivante sur un gabusi,
vous pouvez vous sentir transporté quelque part entre l’Irak et le Maroc. Cet effet tapis volant est dû au fait que la phrase utilise les notes d’une gamme très peu pratiquée en occident alors qu’on l’utilise couramment dans le monde arabe.
Maintenant si je vous joue ceci,
vous retournez immédiatement à Mayotte car j’ai utilisé les notes de la gamme qu’on entend le plus à Mayotte, celle dont on se sert dans le mgodro et dans le rumbu.
Cette gamme mahoraise correspond à ce qu’on appelle dans la musique occidentale le mode myxolydien ou le mode de Sol ou encore le mode du cinquième degré.
Pour expliquer ces termes, je prends un exemple avec la gamme majeure de Do que tout le monde connaît (Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si Do). Si je garde les mêmes notes, sans dièses ni bémols, mais qu’au lieu de partir du Do pour revenir au Do, j’insiste sur le Sol (cinquième degré de la gamme de Do) de façon à ce que le Sol semble être la note de base, je n’entendrai plus la gamme majeure de Do. J’entendrai le mode myxolydien de cette gamme, j’entendrai du Sol myxolydien et cela ne sonne pas du tout de la même façon que la gamme majeure de Do. Ça, c’est le mystère des modes.
Si maintenant je veux entendre du Do myxolydien, je devrai, tout en tournant autour du Do, jouer un Si♭à la place du Si, comme dans la gamme de Fa dont Do est le cinquième degré.
Sans parler de modes, on peut dire d’une autre façon qu’une gamme myxolydienne, c’est comme une gamme majeure, mais la septième note est plus basse d’un demi-ton. C’est donc une gamme majeure avec une septième mineure. Je noterai cette septième mineure ♭VII dans le schéma suivant qui donne le doigté, sur le gaboussi, de la gamme que tout le monde utilise ici.
Les chiffres romains correspondent aux degrés de la gamme (1ère note, 2ème note...). Si vous êtes accordés en Do, le I sera un Do, le II sera un Ré, le III un Mi, etc.
Voici ce que cela donne avec un gaboussi accordé en Sol :
Il va sans dire que très peu de Mahorais ont jamais entendu ce terme barbare de « myxolydien ». Ils le jouent à l’oreille, comme des générations de rockers ont joué ceci
sans se douter le moins du monde qu’ils utilisaient ce même mode myxolydien.
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