mardi 8 mars 2011
Un gaboussi de Chirontro
Saïd Abassi, dit Chirontro, était, dans les années 90, un célèbre musicien et facteur d’instruments de Domoni (Anjouan). Outre son activité dans les cadres comoriens traditionnels, rumbu et mariages, il a donné des concerts dans de nombreux pays d’Europe et d’Afrique. Aujourd’hui, il semble ne plus jouer qu’en privé.
Son style est très anjouanais, plus oriental que le style mahorais, et moins malgache, même s’il chante parfois en kibushi le répertoire des trumba.
Les gabusi qu’il fabrique, ou qu’il fabriquait, sont remarquables, tant par leur forme que par leur son. Ils sont très étroits, comme leur ancêtre yéménite. Le manche, assez profond et bien creusé, augmente considérablement la taille de la caisse de résonance et donne à l’instrument un volume sonore important. Les deux exemplaires que j’ai pu observer ne comportent pas d’ouïes, ni dans la peau, ni au dos de l’instrument.
Les cinq cordes sont montées en trois chœurs, deux doubles et une simple. Elles sont accordées ainsi, du grave vers l’aigu :
Mi / Fa♯-Fa♯ / Si-Si
Ces cordes sont fixées à un cordier qui forme une protubérance à la base de l’instrument et que le musicien cale sur son avant bras droit pour maintenir le gabusi à l’horizontale quand il en joue.
Le chevalet est en forme de portique japonais dont les deux piliers appuient sur la peau de chèvre. Cette peau est fixée à la caisse par des chevilles en bois.
La touche est un assemblage de trois fines planchettes, de bois et non de contreplaqué, mises bout à bout.
Le sillet de tête est taillé dans la même pièce que le haut de la touche.
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